Les recherches conduites à Lambèse est le point de départ de cette réflexion sur la dialectique urbaine à l'œuvre entre camp romain et capitale. La fouille de de deux domus situées dans la ville basse non loin du grand camp lde la III ème légion Auguste et de l'amphithéâtre a permis de cerner plus finement la chronologie du développement urbain de Lambèse

Construites dans les décennies centrales du IIe siècle, soit au moment de l'établissement du vicus du Grand Camp, elles furent abandonnées au milieu ou au cours de la seconde moitié du IIIe siècle, lorsque Lambèse obtient le statut colonial. Elles connaissent une apogée à la fin du IIe et dans la première moitié du IIIe siècle, à partir du moment où Lambèse est devenue capitale. Elles sont ainsi contemporaines des principales structures de la ville haute, notamment les sanctuaires de Neptune et d'Esculape, le septizonium et l'aqua Alexandriana. Cette chronologie atteste de manière indéniable que le départ de la IIIe légion pendant 15 ans sous Gordien III, c'est à dire à la seconde moitié du IIIe siècle, a eu une incidence sur le développement dans le temps et dans l'espace de la ville basse qui semble se transformer assez rapidement en nécropole. Ce constat conduit à considérer ce secteur comme constitué essentiellement par des résidences et des équipements de loisir sans doute étroitement liés au Grand Camp (thermes dit du légat et ceux situés non loin de l'arc de Commode tout près de la Maison de Phrixos et Hellé, l'amphithéâtre). Le retour de la légion sous Gallien qui s'est formalisé par la reconstruction de la Groma, n'a donc pas suffit pour redynamiser le vicus. Ainsi, a priori, ces deux vastes surfaces urbanisées appartenant à des ensembles chronologiques et fonctionnels différents, n'auront formé une entité que pendant une brève période, au moment de la fin de la construction du Grand Camp en 129 jusqu'au départ de la légion en 238, grâce à une voie de communication, une platea, ponctuée à la jonction de ces deux ensembles nord et sud, par l'arc de Septime Sévère qui l'enjambe : la via septimiana.

Cette observation invite à réfléchir au rôle du siège de la légion sur l'espace réservé à la ville et au camp, son articulation et les modalités de ses aménagements à différente échelles (lieux de cultes et de spectacle, habitat, artisanat).