Des "espaces vécus" autour du mort dans les nécropoles romaines : pour une approche archéo-anthropologique des gestes avant, pendant et après la crémation.
Henri Duday  1@  
1 : De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie
Université de Bordeaux, Centre National de la Recherche Scientifique

Les vivants ont exercé de multiples activités dans les nécropoles, principalement mais non exclusivement en relation avec les cérémonies funèbres, mais les fouilles ne documentent souvent qu'un moment très limité de la séquence funéraire parce que seule est conservée la partie profonde des tombes. Certes, l'archéo-thanatologie fondée sur la taphonomie du cadavre nous apprend à mieux caractériser le dépôt du corps et l'espace au sein duquel il a été placé, mais elle reste pratiquement muette en ce qui concerne le traitement du corps (phase présépulcrale) et les rites commémoratifs ; en effet, les gestes qui les définissent se sont déroulés au niveau de circulation dans la nécropole qui n'est presque jamais retrouvé, si ce n'est sous la forme de lambeaux discontinus et de faible étendue, de ce fait peu informatifs.

Il est exceptionnel que le sol de "fonctionnement" d'un ensemble funéraire ait été entièrement préservé. Il faut pour cela qu'il ait été enseveli en un temps très bref de sorte que les vestiges présents à sa surface ont été figés dans leur disposition réciproque. C'est évidemment le cas de la nécropole de Porta Nocera à Pompéi scellée par les cendres du Vésuve, c'est aussi celui de la nécropole qui longeait la Via Triumphalis au Vatican, dont les monuments ont été ennoyés par des glissements de terrain. Ces deux sites ont fait l'objet de recherches récentes, ils ont apporté des informations très originales à la fois sur les structures directement liées à la crémation et sur les cultes du souvenir.

La session que nous proposons s'articule donc autour de la crémation. Une telle réflexion ne saurait omettre l'épigraphie. L'analyse ne sera pas focalisée sur le dédicant ou le dédicataire mais sur la manière dont le traitement du corps par le feu peut être perçu à partir des inscriptions funéraires. Un autre volet original traitera des "métiers" de la crémation. Les données archéométriques et les observations de fouille renseignent sur les essences de bois, la température, la conduite de la combustion ou la position du corps sur le bûcher.


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