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Site incontournable et place essentielle dans l'organisation générale du territoire triboque, la fondation du camp de Strasbourg-Argentorate est contemporaine des années 14-16 ap. J.-C, sous le règne de Tibère. Dans ce secteur géographique, c'est en effet à partir de la deuxième décennie du Ier siècle que l'on perçoit une véritable organisation militaire, qui correspond aussi à la mise en place des légions dans le Rhin supérieur, à Strasbourg, mais également à Mayence (Mogontiacum) et à Windisch (Vindonissa), suivie par la construction de camps secondaires comme celui d'Oedenburg, ou de cantonnements, à Augst (Augusta Raurica) par exemple. Pour Strasbourg (Argentorate), des découvertes récentes permettent de confirmer que c'est l'installation de la IIe légion renforcée d'unités d'auxiliaires, qui est à l'origine d'un premier camp dont les vestiges n'ont pas encore été localisés précisément. On connaît mieux en revanche l'emplacement de la nécropole de la IIe légion, située à Strasbourg-Koenigshoffen le long de la route des Romains. Les fouilles récentes ont permis de préciser l'organisation des enclos funéraires plus ou moins monumentalisés, placés de part et d'autre de la voie, selon le modèle habituel des voies des tombeaux ou gräberstrasse. La plupart d'entre eux ont livrés des enclos funéraires avec des stèles de soldats, parfois même de véritables mausolées. Le camp de Strasbourg et les quartiers qui se développent à ses portes prennent de l'importance au rythme de l'arrivée et du départ des légions. Ainsi, après le départ de la IIe légion en 43 ap. J.-C. pour les campagnes de Claude en Britannia, il faut attendre la fin du Ier siècle ou le début du IIe siècle pour que le site accueille une nouvelle légion, la VIIIe légion Augusta. C'est cette dernière qui est à l'origine de la construction du camp installé dans l'ellipse insulaire, actuel cœur historique de Strasbourg. Le boom démographique du vicus canabarum de Strasbourg-Koenigshoffen au moment de l'arrivée de cette nouvelle légion traduit par ailleurs le succès rapide de l'occupation civile aux abords du camp militaire. Ces nouvelles conditions permettent au site de Strasbourg-Argentorate de se convertir en un centre dynamique d'échanges, progressivement doté de l'ensemble des fonctions urbaines (politique, économique, commerciale, etc.) jusqu'à concurrencer la capitale de cité, Brumath-Brocomagus à la fin de l'Antiquité pour devenir elle-même capitale.