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Le chantier hors du chantier : impact des chantiers de construction sur le paysage suburbain de la Rome tardo-républicaine et augustéenne
Pauline Ducret  1@  
1 : Ecole française de Rome

L'impact d'un chantier de construction est loin d'être limité au terrain touché par les travaux. L'approvisionnement, le stockage et la transformation des matériaux sont des activités qui se déroulent largement en amont du chantier proprement dit, entre les lieux de production/extraction et les lieux de montage. Les paysages en sont profondément transformés, et c'est cette transformation fonctionnelle d'espaces situés sur la voie d'approvisionnement, entre l'extraction et le chantier, que nous souhaiterions ici envisager. Ils sont en effet un angle mort, oubliés à la fois des études portant sur les chantiers et sur celles qui se concentrent sur les sites d'extraction ou de production.

Deux cas d'étude, dans deux quartiers de Rome à la fois anciennement et densément bâtis, seront envisagés : le Forum Boarium d'une part, notamment au moment de la construction du nouveau temple de Portunus au début du ier s. av. J.-C. ; la partie sud du Forum romain d'autre part, en particulier autour des différentes phases de reconstruction du temple des Castors à la fin du iie s. av. J.-C. puis à la période augustéenne.

Dans les deux cas, les chantiers envisagés comptent à la fois une phase de démolition d'un bâtiment préexistant et une phase de reconstruction, depuis les fondations, dans des matériaux majoritairement nouveaux. Ainsi, nous prendrons en compte et nous quantifierons non seulement les matériaux qui arrivent sur le chantier depuis les sites d'extraction mais aussi les matériaux qui en partent, qu'il faut déblayer, récupérer, stocker et éventuellement retransformer avant de les remettre sur le maché.

Une restitution de chacun de ces chantiers et un séquençage de leur chaîne opératoire permettent d'envisager la quantité de travail qui peut être réalisée en dehors du terrain de construction (de l'ordre de deux tiers du travail total pour le temple de Portunus) et notamment de repérer des points de rupture de charge, en zones sub-urbaines, où pouvaient être délocalisée une partie des tâches constructives. Ainsi ces chantiers sont non seulement étendus largement au-delà du terrain de construction, mais aussi fractionnés dans l'espace, faits de plusieurs de zones de travail disséminées le long de la voie d'approvisionnement.

Nous chercherons en définitive à reconnaître, à l'échelle de Rome, de possibles espaces suburbains dédiés non seulement au stockage et à la gestion des matériaux, mais fonctionnant aussi comme des « pré-chantiers » permettant que le maximum de tâches soient effectuées avant que les matériaux transformés ne pénètrent dans le dense tissu urbain de Rome.



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